Wednesday, April 1, 2009

I'd Say I've Gone Fishing, But I Actually Hate Fishing




Fig. 1. Utagawa Kuniyoshi - Fishermen at Teppozu, early 1830s


'It is necessary to work, if not from inclination, at least from despair. Everything considered, work is less boring than amusing oneself.'

Charles Baudelaire


Addendum: Anon's poetry corner ...

Ophelie

1

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme
un grand lys,
Flotte très lentement,c ouchée
en ses longs voiles ...
- On entend dans les bois des hallalis.

Voici plus de mille ans que
la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que
sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du
soir.

Le vent baise ses seins et déploie
en corolle
Ses grands voiles bercés mollement
par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent
sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent
autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune
qui dort,
Quelque nid d'où s'échappe un petit
frisson d'aile:
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

2

O pâle Ophélia! belle comme la neige!
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
- C'est que les vents tombants des
grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre
liberté;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits;

C'est que la voix des mers folles,
immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux!
Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve,
ô pauvre Folle!
Tu te fondais à lui comme une neige
au feu;
Tes grandes visions étranglaient ta
parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu!

3

- Et le Poéte dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme
un grand lys.

Arthur Rimbaud